16 nov. 2008

Texte de Jean-Pierre Garcia

OULED LENINE


France/Tunisie – 2008

Ouled Lenine est un film essentiel. Pour un pays et son histoire, pour des générations de parents et d’enfants qui se touchent et se croisent. Ouled Lenine témoigne et restera dans les mémoires. Non pas à la manière d’un document brut qui arrache l’attention par la cruauté terrible des images, mais plutôt parce qu’il reconstitue, paroles après paroles, par l’attente et les silences aussi, la mémoire fondamentale d’un pays, celle qui échappe aux discours ou proclamations officielles.
Ce pays, c’est la Tunisie : de l’indépendance et des espoirs insensés, celle des rapides désillusions.
Qu’est alors le film de Nadia El Fani ? Un documentaire politique ? Oui mais... Un cri d’amour d’une fille (la réalisatrice) pour son père, militant de l’indépendance et du communisme ? Oui, mais encore... Un voyage dans la mémoire, un retour à une époque où juifs, musulmans et chrétiens cohabitaient harmonieusement en Tunisie ? Le rêve enfin possible d’une véritable émancipation de la femme ? Ouled Lenine c’est tout cela et l’odeur du jasmin, le silence ombragé des ruelles, le grain du papier jauni d’un livre de poèmes ; le geste esquissé vers le père. C’est tout cela et la caresse de la caméra sur des visages à l’épreuve des ans mais qui portent si beau la dignité de leurs vingt ans et de leurs rêves.

J.-P.G.

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